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A Jo
Partir
Les jours de l’automne flamboient sous les dernières lumières
Les rouges, les jaunes des feuilles repoussent les verts au creux des forêts
Les crépuscules torrides des chemins allongent l’ombre des pierres
Le tapis roux se déroule inexorablement devant l’hiver déjà prêt
A répandre sur la terre brune des champs son coulis terne de brumes givrantes
Aux jours bruyants de vies insouciantes succèdent les nuits sourdes et mouillées
Aux souffles tièdes des heures enfiévrées succèdent les rafales glacées de journées déprimantes
Aux buissons touffus caressés par la brise succèdent des squelettes tordus par la bise endiablée
Aux rires joyeux des filles aux jupes trop courtes succèdent la toux rauque des cadavres emmitouflés
Le vent rageur qui trousse les rombières dans le coin glacé des rues noires
A délogé les garçons émoustillés aux mains baladeuses
La neige froide et poisseuse des villes a envahi les trottoirs
Refoulant la jeunesse turbulente de l’été dans le tréfonds enfumé des tavernes crasseuses
Le marbre translucide du gel pétrifie les rivières dans leur lit
Le froid hurlant pousse les clodos enguenillés vers les couloirs de la mort
Les membres raides des toits éjaculent des volutes acres de fumées dans le ventre des nuages gris
Les Christ d’acier figés dans la glace aux flèches des églises pleurent sur notre sort
Il est temps pour nous de fuir vers des contrées plus douces
De prendre la route qui mène vers des cieux plus cléments
Avec les oiseaux migrateurs qui nous montrent le chemin et le vent qui nous pousse
Il est temps pour nous de partir là-bas où nous portent nos rêves d’enfants
Libertypat
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