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A Gillou et Gégé
Petite Reine Partis matin, les jambes lourdes, le cœur léger Sur le chemin qui longe la Loire grise et embrumée, Amis, frères de cœur ou de sang, vont ensemble, Vers un autre demain, les yeux rougis, la voix qui tremble. Ils vont courbés, l’un derrière l’autre, sans se retourner, Les mains crispées sur le guidon, le dos tendu, les reins creusés, Les pieds qui montent et qui descendent en battant la cadence, La tête haute, d’une épaule à l’autre, en rythme, se balance. Pantins multicolores animés par la même mécanique, Avançant dans le vent qui chante et joue de la musique, Parfois les freine, parfois les pousse, il se joue d’eux, Et lève la poussière du chemin dont il saupoudre leurs cheveux. Sans cesse, inlassablement, ils suivent la piste, vont leur chemin, Soufflant, suant, chassant la sueur de leur front d’un revers de la main, Ils s’émerveillent soudain d’un envol de héron effarouché, Mettent pied à terre et regardent l’oiseau criard sur l’autre rive se poser. Dans le ciel de septembre, courent les nuages de pluie, Qui se mirent au passage dans les eaux du fleuve assoupi, Reprenant leur machine, le sourire aux lèvres, ils se taquinent, Leurs fesses noires, sur la selle, comme des canards se dandinent. Des heures durant ils vont ainsi cheminant comme des insectes qui dansent, Le long des berges des fleuves, des canaux et des rivières de France, Comme ça, pour rien, pour pas grand-chose ou pour si peu, Faut-il une raison, une cause, un but, pour être heureux ? Quand, enfin, ils ont vu l’océan et le bout de leur peine, Sous un arbre rabougri et venté ils ont posé leur petite reine, Ils se sont regardés en riant et longuement, se sont embrassés, Dans leurs yeux brille cette joie enfantine pour un instant retrouvée. Libertypat
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